La reconstruction : opérations d'urgence et prévention

Arnaud Meilland (Bureau Clio Sàrl, Martigny)

Au lendemain du 16 juin 1818, une montagne se dresse devant les habitants des zones sinistrées : panser les plaies béantes laissées par la vague destructrice. Il faut sauver ce qui peut encore l’être, reconstruire, réparer, déblayer, etc. Les travaux à entreprendre sont gigantesques. L’urgence est partout, même si elle n’est pas la même pour tous, car aux intérêts particuliers s’opposent parfois les intérêts publics. Et puis le glacier du Giétro continue à inquiéter…

DES ALPAGES AU RABAIS

Chaque année, la commune de Bagnes procède à la récolte de l’imposition du bétail, à raison de quatre batz par vache, deux batz par génisse, et d’un batz par brebis, chèvre et veau. En 1818, les alpages de Durand sont exemptés de l’impôt, mais pour le gros bétail seulement, en raison des événements de l'année1.

Philippe Morand, président du dizain de Martigny, qui loue l’alpage de Louvie [Louye] pour 161 écus, bénéficie de la part de la commune d’un rabais de quatre louis d’or « en raison des évènements de la présente année ». Même traitement de faveur pour Emmanuel Collombin qui, lui, loue à la commune l’alpage de « Charmottanaz »2, location réduite de moitié. La situation se répète en 18203.

La localisation périlleuse dans laquelle se trouvent ces alpages de Bagnes fera dire de manière prémonitoire à un témoin en mai 1818, parlant des travaux de Venetz : « Dieu veuille que tant d’efforts réunis soient assez puissants pour résister à un malheur qui menace une partie des plus intéressantes et des plus riches de notre pays d’une ruine peut-être totale et pour rendre à la vallée de Bagnes la jouissance de quatre de leur plus belles montagnes [alpages] qui sans cela ne peuvent plus être fréquentées. »4

DES VOIES DE COMMUNICATION À RÉTABLIR DANS L’ENTREMONT

La débâcle a détruit une grande partie des voies de communication. On ne circule plus de Martigny à Sembrancher sur le tracé habituel de la route, ni dans la commune de Bagnes. Les ponts ont été emportés, des parties de routes et de chemins détruites. Pour sortir de la vallée ou y accéder, on passe par le Mont-Chemin. Les habitants de la haute vallée du Grand-Saint-Bernard passent quant à eux par Champex et les mayens de Bovernier pour se rendre en plaine5. Une telle situation ralentit non seulement les secours, mais met aussi l’économie locale en péril. Par exemple, à l’heure même de l’inalpe, les Bagnards ne peuvent plus accéder à leurs alpages, source essentielle de revenu6. Les échanges commerciaux sont paralysés. L’accès aux vignes de plaine, dont de nombreux Entremontants sont propriétaires, est rendu plus pénible. Cette situation délicate fait écrire à Gaspard Delasoie de Sembrancher, député à la Diète fédérale, que « l’objet de la privation des communications avec Martigny est un des plus affligeant que nous ayons éprouvé et chaque jour nous en fait sentir d’avantage la gêne et les inconvénients »7.

Une des premières urgences consiste à rétablir ce réseau, même s’il ne s’agit, dans un premier temps, que de réalisations de fortune. C’est ce à quoi s’attèle le commissaire du gouvernement, Charles d’Odet, à peine arrivé dans la vallée. Les habitants avaient déjà commencé certains travaux, mais il prend les choses en main et organise avec le Conseil de Bagnes une manœuvre générale dans la commune pour rétablir le chemin et les ponts jusqu’au glacier du Giétro. Les hommes du quartier de Villette qui demandent à en être exemptés, parce qu’ils sont occupés à protéger leurs maisons contre les attaques de la Dranse, sont éconduits. Le commissaire juge que leur situation peut attendre, mais leur accorde, « pour n’avoir rien à se reprocher », le droit de revenir défendre leurs biens si les eaux augmentent de manière significative8. Tous les hommes valides de la commune participent ainsi aux travaux les 22 et 23 juin9.

Le même commissaire rassemble le 23 juin tous les présidents de commune de l’Entremont à Sembrancher, chez le président Ribordy, afin de discuter des moyens à envisager pour la réouverture des communications avec Martigny. Il ne s’agit pas d’une partie de plaisir. La zone concernée comporte un long défilé menacé en permanence par des éboulements, surtout au passage étroit appelé la Monnaie : « La Monnayaz est un passage affreux : on ne peut pas en faire une description assez effrayante. Chacun dit qu’il y aura des hommes et des animaux de service tués sans se douter que ce sort peut tomber sur celui qui croit qu’il touchera son voisin. »10 La discussion est vive et dure cinq heures. Les travaux sont finalement répartis de la manière suivante : Bagnes est exemptée car elle est occupée par ses propres besoins ; Vollèges se consacre au chemin depuis Étiez jusqu’au pont de Sembrancher et à la reconstruction de ce pont, avec l’aide de Sembrancher ; Bourg-Saint-Pierre, Liddes et Orsières doivent rétablir la route entre Sembrancher et Bovernier, avec toutes les difficultés que cela représente. Pour ce dernier secteur, le commissaire convoque soixante Orserains, trente Lidderains et quinze Bordillons (Bourg-Saint-Pierre). Les travaux débutent les 25 et 26 juin. La suite du chemin, entre Bovernier et Martigny, est, quant à elle, prise en charge par des ouvriers de Bovernier et de la Combe (Martigny)11.

Ces premières mesures portent certains fruits. Le soir du 23 juin, un chemin est déjà rétabli dans toute la vallée de Bagnes jusqu’au glacier du Giétro, même s’il s’est considérablement rallongé en raison des nouveaux obstacles à franchir12. Il s’agit d’un ouvrage précaire : le 18 juillet, le pont au Châble est encore « impraticable aux mulets et difficile pour les piétons » et la route à char est anéantie à six endroits13. À la mi-juillet, le pont de Sembrancher et la route entre ce village et le rocher de la Monnaie sont rétablis14. Par contre, en aval, la reconstruction de la route pose d’énormes problèmes. Les corvées sont impuissantes face aux difficultés. L’intervention de l’ingénieur cantonal, Ignace Venetz, est vivement demandée. On vient le prier chaque jour d’y faire au moins un chemin à mulet15. Il faut attendre pourtant la mi-septembre pour qu’un semblant de chemin soit en place16, ce qui ne suffit guère aux Entremontants qui, à la même époque, ont leurs parchets viticoles à vendanger à Martigny et à Fully. À l’automne, les travaux à entreprendre restent encore immenses dans cette zone, comme en témoigne une longue liste dressée par le commissaire Isaac de Rivaz le 10 octobre17.

Il faudra encore plusieurs années d’efforts pour que les voies de communication soient stabilisées de Martigny au sommet de la vallée de Bagnes. Les infrastructures construites en urgence sont modifiées et améliorées avec le temps, à l’image du pont de Mauvoisin rebâti en pierre en 182818. Des travaux de longue haleine sont également réalisés, comme le percement de la galerie de la Monnaie. Devant le danger que représente ce passage, l’idée de percer le rocher avait germé déjà avant la débâcle. Mais depuis la vague destructrice, il n’y a plus vraiment le choix : les détériorations amenées par la catastrophe et les éboulements fréquents rendent impossible le rétablissement d’une route sur la rive gauche de la Dranse, comme cela était le cas auparavant. Il est donc décidé de la faire passer sur la rive droite, à travers le rocher, et en attendant, elle doit le longer. Le Conseil d’État adjuge l’ouvrage à des entrepreneurs en juillet et Ignace Venetz en dessine les plans. Les travaux, commencés dès le mois d’août, rencontreront de nombreuses complications, mais le percement d’un tunnel de 72 mètres de long finit par se faire. L’ouvrage est achevé début 182019.

LA DRANSE À CONTENIR

Dans les semaines qui suivent la catastrophe, la Dranse, « cette indomptable bagnarde »20, fait encore de temps à autre des siennes, comme le 25 juin21 et le 4 juillet22. Il faut dire que la saison des hautes eaux débute et que la majorité des digues ou barrières ont été détruites. Sans ces protections, les terrains continuent à s’effriter et de nombreuses propriétés sont toujours en danger, comme à Sembrancher où certaines maisons « sont pour ainsi dire suspendues » au-dessus de la rivière23

La lutte contre la Dranse a lieu partout, de Bagnes à Martigny. Il faut surtout rétablir et renforcer les digues, ce qui n’est pas toujours évident face à une rivière qui s’emporte parfois. Le commissaire Zimmerman relate ce travail en des termes rappelant le champ de bataille : « On se battit avec elle [la Dranse] jusqu’à dix heures de la nuit où l’on put enfin la forcer à la retraite ; aujourd’hui matin [26.06] à l’aube du jour on s’aperçut d’une nouvelle attaque… »24 Le nouveau cours pris par la rivière pose également problème. L’ingénieur cantonal est alors sollicité pour y remédier : par exemple, le 25 juin, le président du dizain d’Entremont lui demande son aide afin de tracer « un cours à la Dranse depuis la chapelle Saint-Marc jusqu’à Pierre Grosse, où elle fait beaucoup de contours nuisibles »25.

Les difficultés sont plus importantes à Martigny. Entre La Condémine et le pont de la Bâtiaz, la Dranse est en partie hors de son cours ordinaire, les digues sont détruites et les terrains adjacents dévastés. La rivière continue à faire des ravages aux Champs du Bourg, aux Épineys, à la Bâtiaz, etc. Elle a aussi entamé le vignoble, notamment les vignes qui produisent le fameux Coquimpey26. Le 27 juin, le Conseil d’État nomme une commission spéciale pour remédier à la situation27. Elle est composée d’Isaac de Rivaz, ancien conseiller d’État, du comte de Quartéry, du grand châtelain de Conthey Duc, d’Adrien Zimmermann, major et commissaire envoyé à Martigny, et d’Ignace Venetz, ingénieur cantonal. La première séance a lieu le 29 juin à l’auberge de la Grand-Maison. Elle réunit les membres de la commission mais aussi les présidents du dizain et de la commune, des conseillers locaux et des notables représentant les propriétaires concernés. La discussion porte surtout sur un plan de direction et d’alignement de la rivière proposé par l’ingénieur Venetz. Une visite in situ a également lieu. Le projet, qui semble satisfaire tout le monde, est finalement adopté28.

Les travaux peuvent alors commencer avec l’apport des corvées provenant des communes de la région. Le 9 juillet, les difficultés sont encore nombreuses, notamment en raison de la faiblesse des barrières, alors que la Dranse est toujours menaçante29. Le 14 juillet, les préparations pour l’alignement de la Dranse sont en cours : des piquets ont été plantés et l’ouverture d’un canal pour diriger la rivière doit débuter. La fin des travaux est prévue pour le 1er août. L’ingénieur cantonal n’est cependant pas très optimiste. Il constate que l’ouvrage ne se fait pas avec beaucoup de diligence ; de plus, les moyens commencent à manquer parce que, comme le foin fait défaut, les habitants vendent leurs chevaux ; il est dès lors difficile de trouver des chars pour travailler aux barrières. Ignace Venetz demande alors au Conseil d’État s’il faut poursuivre les travaux d’alignement30. Nous ignorons la décision du gouvernement et si le travail a bien été effectué. La tâche n’apparaît en tout cas pas dans le rapport du commissaire Isaac de Rivaz daté du 10 octobre, qui dresse la liste de toutes les « opérations essentielles qui restent à faire dans les deux dizains [Martigny et Entremont] »31. On sait par contre, qu’une année plus tard, au mois d’août 1819, la bourgeoisie de Martigny décide de construire une digue pour protéger les propriétés sinistrées par le nouveau cours de la rivière qui s’est formé le long des vignes de la Bourrigne et du Rossettan32. Au lieu de passer à la caisse, les propriétaires préfèrent céder leurs biens-fonds à la bourgeoisie de Martigny, qui, grâce à cette manœuvre vraisemblablement orchestrée, a désormais toute latitude pour agir.

DES ÉTENDUES À DÉBLAYER ET UN AIR À PURIFIER

Une lourde tâche supplémentaire attend les habitants de la région au soir du 16 juin. Les eaux qui ont déferlé à travers la vallée ont emporté avec elles d’énormes quantités de terre, de bois, de rochers et de gravats en tout genre, qui se sont déposés au gré des obstacles naturels, mais surtout dans la plaine de Martigny. Dans cette commune, un immense travail de déblaiement doit avoir lieu. Les travaux consistent d’une part à vider les caves inondées de leur contenu – eau, fange et denrées altérées – et d’autre part à libérer les rues, les chemins et certains terrains de la boue et des débris venus s’y amonceler. Il s’agit aussi de purifier l’air, car une « odeur de fermentation putride » s’est répandue dans la région. Le commissaire Isaac de Rivaz craint que « cette cause de maladie », jointe à l’humidité, puisse occasionner une épidémie lors des chaleurs estivales33.

Les opérations prennent pourtant du temps. Le 28 juin, douze jours après la débâcle, l’eau a été retirée des caves, mais les habitants travaillent toujours à les vider de leur fange ; la grande rue (du Bourg ?) n’est pas encore déblayée jusqu’au pavé ; on estime alors à 2000 journées le débarras des tas formés par les décombres des maisons et les arbres34. Le 30 juin, des ouvriers sont détachés pour chercher les cadavres d’animaux35 sous les tas de bois et de broussailles36. Le 11 juillet, la grande rue de l’hôtel de l’Aigle jusqu’au cimetière (vers l’église) n’est toujours pas complètement dégagée : des tas de bois et de terre croupissent devant les maisons, ce qui « fait un très mauvais effet à Martigny ». La circulation est parfois entravée par les voitures qui, ne pouvant être rangées, bloquent la rue37. L’ingénieur Venetz, qui remplace le commissaire du gouvernement tombé malade, propose de convenir ces travaux de déblaiement avec un particulier et d’y faire contribuer les riverains. À cette date, près d’un mois après la catastrophe, des dépouilles d’animaux en putréfaction sont encore trouvées et enterrées. Certains tas de débris répandent « une odeur insupportable », mais l’ingénieur n’ose pas y mettre systématiquement le feu, de peur de déclencher des incendies sur les barrières de la Dranse, auxquelles les tas de bois sont parfois accolés38.

Afin d’épurer l’air et d’éviter les maladies, des fumigations sont organisées39. Un canal est également construit « pour donner de l’eau à la Ville et au Bourg, ce qui aidera beaucoup à purifier l’air ». On cherche enfin, par tous les moyens possibles, à donner des écoulements à l’eau40.

Par la suite, la situation semble s’améliorer. Seuls les tas de bois resteront en place jusqu’à l’automne, en raison des dissensions entre les autorités communales de Martigny et celles de l’Entremont qui en revendiquent la propriété41.

UN GLACIER À SURVEILLER ET À MAÎTRISER

Alors que les sinistrés, aidés par leurs concitoyens, s’activent dans la vallée et la plaine, le glacier du Giétro fait à nouveau parler de lui. Si les nouvelles étaient plutôt rassurantes à la fin juin42, puisque le lac s’était complètement vidé, courant juillet, la situation évolue.

Le 5 juillet, dans une lettre adressée au Conseil d’État, le commissaire du gouvernement de Torrenté évoque le souhait d’envoyer l’ingénieur cantonal au Giétro, dès qu’il aura un moment à lui, pour voir s’il n’y a pas des travaux à exécuter afin de « se garantir d’inondations même prochaines »43. Cette requête ne semble exaucée que quelques semaines plus tard : le 24 juillet, Ignace Venetz déjeune avec Isaac de Rivaz, un autre commissaire, et lui avoue ses inquiétudes au sujet du glacier : l’ouverture faite dans la glace par la débâcle est très étroite et pourrait se refermer à la première chute de glace ou de neige ; la situation est très périlleuse. L’ingénieur souhaite opérer immédiatement des « travaux préservatifs ». Le commissaire propose alors d’envoyer trois « maçons intelligents » pour examiner la situation, mais Ignace Venetz rétorque qu’il faut les personnes les plus expérimentées du pays. Ce dernier pense qu’une seconde débâcle l’année suivante est presque inévitable, car « le grand glacier continue de descendre » et augmente la largeur de la barre de glace 44. Suite à ces entretiens, l’ingénieur rédige un rapport en 13 points avec l’aide de Hans Conrad Escher de la Linth. Cet homme politique zurichois, grand spécialiste de géologie et d’hydrologie45, était monté voir le glacier le 23 juillet. Une visite officielle de la barre de glace est également organisée le 27 juillet en présence de députés des communes de Martigny, Sembrancher et Bagnes. Ces derniers reconnaissent que tout ce qui est dans le rapport est vrai et que « l’on doit dès à présent s’occuper de moyens de prévenir les désastres de cet événement presque inévitable »46.

À partir de cette date, la machine est lancée. Les craintes se vérifient d’ailleurs très vite : à la fin septembre, on apprend que l’ouverture de la barre de glace faite lors de la débâcle est à nouveau bouchée. La situation est jugée critique47. En prévision des coûts de l’ouvrage qui s’annoncent importants, les autorités cantonales prennent contact avec les principaux donateurs : elles leur demandent la permission d’utiliser un quart des dons adressés aux sinistrés pour des travaux de prévention au glacier, ce qui est accepté par tous48, même si des avis divergents existent49. Pour régler le problème au glacier, certains projets émergent : notamment construire une galerie dans les rochers du Mauvoisin ou faire éclater des parties du glacier avec de la poudre.

Ces intentions se révèlent finalement irréalisables. Face à ces difficultés, quelques interventions d’urgence ont lieu dès l’automne 181850. On construit également un baraquement à proximité de la barre, dans « une grotte du Mauvoisin », pour faciliter le travail des ouvriers51. Ces mesures provisoires, dont les résultats sont mitigés, ont le mérite d’éviter une nouvelle catastrophe les années suivantes.

Le danger n’étant pas écarté, le Conseil d’État décide, en 1820, sous l’impulsion de l’ingénieur cantonal52, de mener des investigations pour trouver une solution durable. Une commission d’experts suisses est créée. Elle se compose de Hans Conrad Escher de la Linth de Zurich, du professeur de physique Trechsel de Berne et de Jean de Charpentier, directeur des mines de sel de Bex. C’est dans ce contexte que Jean Pierre Perraudin, un Bagnard qui sera reconnu plus tard comme un des précurseurs de la théorie des glaciers, est convoqué le 14 juin 1820 par le gouvernement valaisan pour répondre à des questions relatives à la barre de glace53. Les réponses de cet observateur attentif servent alors de base aux discussions des spécialistes54. La même année, la commission rend un rapport détaillé sur la situation et conseille une surveillance attentive du glacier55. L’ingénieur Venetz est chargé d’entreprendre les travaux. Son idée est la suivante : il utilise les eaux de la montagne proche de la Liaz, qu’il fait mener jusqu’à la barre de glace à l’aide de quatre conduits, afin de « scier » le glacier sur deux côtés parallèles et faire ainsi tomber la voûte qui surplombe la Dranse56. Le succès semble au rendez-vous, mais les travaux doivent se répéter d’année en année, car, chaque hiver, la barre se reforme.

Durant les premières années, les travaux s’effectuent dans des conditions difficiles. Plusieurs ouvriers tombent dans des crevasses ; Ignace Venetz lui-même en fait l’expérience en 1823. Certains sont blessés, un y trouvera la mort57. En 1824-1825, l’ingénieur doit également faire face à une polémique lancée par le chanoine Blanc, chapelain à Bagnes et ancien professeur de physique au collège de Saint-Maurice ; celui-ci met en doute les opérations menées au Giétro58. Venetz a cependant le soutien des experts et la polémique est finalement étouffée.

Menés avec un effort soutenu durant les deux décennies qui suivent la débâcle, les travaux perdureront encore jusqu’en 1884, même si, depuis le milieu du siècle, leur réelle utilité semble contestable59.


1. AC Bagnes, P 1064/98. Voir le document

2. AC Bagnes, P 1064/99. Voir le document

3. AC Bagnes, P 1064/99. Voir le document

4. AEV, 3 DTP 28.1.13, p. 4. Lien vers l'inventaire. Voir le document

5. AEV, 3 DTP 28.2.32. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 30.2.1/2. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.4.5. Lien vers l'inventaire. Voir le document

6. AEV, 3 DTP 30.2.1/1. Lien vers l'inventaire. Voir le document

7. AEV, 3 DTP 28.3.1. Lien vers l'inventaire. Voir le document

8. AEV, 3 DTP 30.2.1/1. Lien vers l'inventaire. Voir le document

9. AEV, 3 DTP 28.2.32. Lien vers l'inventaire. Voir le document ; AEV, 3 DTP 30.2.1/2. Lien vers l'inventaire. Voir le document

10. AEV, 3 DTP 28.5.7. Lien vers l'inventaire. Voir le document

11. AEV, 3 DTP 28.2.32. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 30.2.1/2. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 30.2.1/6. Lien vers l'inventaire. Voir le document

12. AEV, 3 DTP 28.2.32. Lien vers l'inventaire. Voir le document ; AEV, 3 DTP 30.2.1/2. Lien vers l'inventaire. Voir le document

13. AEV, 3 DTP 28.3.19. Lien vers l'inventaire. Voir le document

14. AEV, 3 DTP 28.3.19. Lien vers l'inventaire. Voir le document

15. AEV, 3 DTP 28.3.18. Lien vers l'inventaire. Voir le document

16. AEV, 3 DTP 28.5.1. Lien vers l'inventaire. Voir le document

17. AEV, 3 DTP 28.5.2. Lien vers l'inventaire. Voir le document

18. AC Bagnes, P 830. Voir le document ; AC Bagnes, P 833. Voir le document .
Camille Carron (chanoine), « Le pont de Mauvoisin », Petites annales valaisannes, 1926, p. 44-46. 

19. AEV, 3 DTP 28.3.17. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.3.20. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.3.22. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.3.24. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 29.5.1. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.3.27. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.4.4. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.7.2/9. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.7.2/10. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.4.12. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.5.5. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.7.2/18. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.7.2/25. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.8, p. 49. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
Catherine Berthod, « La route carrossable », dans Une région, un passage, 1989, p. 66-67. 

20. AEV, 3 DTP 28.2.38. Lien vers l'inventaire. Voir le document

21. AEV, 3 DTP 28.2.38. Lien vers l'inventaire. Voir le document

22. AEV, 3 DTP 28.3.3. Lien vers l'inventaire. Voir le document

23. AEV, 3 DTP 28.2.31. Lien vers l'inventaire. Voir le document

24. AEV, 3 DTP 28.2.38. Lien vers l'inventaire. Voir le document

25. AEV, 3 DTP 28.2.32. Lien vers l'inventaire. Voir le document

26. AEV, 3 DTP 28.3.11. Lien vers l'inventaire. Voir le document. Bulletin officiel et Feuille d’Avis, 1818, p. 362 (n°46, 14 novembre). Voir le document ; Arnaud Meilland, Christine Payot (Bureau Clio), « Enquête sur les vins valaisans du Moyen Âge à 1850. Ce que révèlent les documents d’archives, les visites de caves, les techniques des experts et les témoignages des consommateurs », Vallesia, 68, 2013, p. 121-122 et p. 171-177. 

27. AEV, 3 DTP 28.2.34. Lien vers l'inventaire. Voir le document

28. AEV, 3 DTP 28.2.43. Lien vers l'inventaire. Voir le document ; AEV 28.2.45. Lien vers l'inventaire. Voir le document

29. AEV, 3 DTP 28.3.14. Lien vers l'inventaire. Voir le document

30. AEV, 3 DTP 28.3.18. Lien vers l'inventaire. Voir le document

31. AEV, 3 DTP 28.5.2. Lien vers l'inventaire. Voir le document

32. AcMy, Mixte, 1331. 

33. AEV, 3 DTP 28.2.41. Lien vers l'inventaire. Voir le document

34. AEV, 3 DTP 28.2.41. Lien vers l'inventaire. Voir le document

35. Voir Les victimes, chiffres incertains et destins tragiques

36. AEV, 3 DTP 28.2.46. Lien vers l'inventaire. Voir le document

37. AEV, 3 DTP 28.3.18. Lien vers l'inventaire. Voir le document

38. AEV, 3 DTP 28.3.16. Lien vers l'inventaire. Voir le document

39. AEV, 3 DTP 28.4.5. Lien vers l'inventaire. Voir le document ; AEV, 3 DTP 28.5.5. Lien vers l'inventaire. Voir le document

40. AEV, 3 DTP 28.3.16. Lien vers l'inventaire. Voir le document

41. Voir Ombres au tableau des secours

42. AEV, 3 DTP 28.2.32. Lien vers l'inventaire. Voir le document

43. AEV, 3 DTP 28.3.3. Lien vers l'inventaire. Voir le document ; AEV, 3 DTP 28.3.4. Lien vers l'inventaire. Voir le document

44. AEV, 3 DTP 28.3.25. Lien vers l'inventaire. Voir le document

45. Dictionnaire historique de la Suisse, « Escher, Hans Conrad (de la Linth) » (consulté le 26.10.2017). 

46. AEV, 3 DTP 28.4.9. Lien vers l'inventaire. Voir le document ; AEV, 3 DTP 28.3.28. Lien vers l'inventaire. Voir le document

47. AEV, 3 DTP 30.3.2/4. Lien vers l'inventaire. Voir le document

48. AEV, 3 DTP 31.2.6/5. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 31.2.10/4. Lien vers l'inventaire. Voir le document .
AEV, 3 DTP 31.2.19/15. Lien vers l'inventaire. Voir le document

49. AGSB, 5006, Lettre adressée au prieur de Martigny (07.08.1818). Voir le document. Lettre du doyen Bridel (18.12.1818). Voir le document

50. AEV, 3 DTP 28.7.1/6. Lien vers l'inventaire. Voir le document .
AEV, 3 DTP 28.7.1/7 . Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.7.2/14. Lien vers l'inventaire. Voir le document.
AEV, 3 DTP 28.7.1/10. Lien vers l'inventaire. Voir le document

51. AEV, 3 DTP 28.7.1/7. Lien vers l'inventaire. Voir le document

52. Ignace Mariétan, « La vie et l’œuvre de l’ingénieur Ignace Venetz (1788-1859) », Bulletin de la Murithienne, 76, 1959, p. 17. 

53. 16 juin 1818, Débâcle du Giétro, Collection du Musée de Bagnes n°1, 1988, p. 180-184 ; AEV, de Rivaz famille, Rz 153, p. 65 et s. Voir le document

54. AEV, 3 DTP 30.3.2/4. Lien vers l'inventaire. Voir le document

55. AEV, 3 DTP 29.8.2/15. Lien vers l'inventaire. Voir le document. Ignace Mariétan, « La vie et l’œuvre de l’ingénieur Ignace Venetz », p. 18. 

56. Philippe Nicollier, Ignace Venetz : Ses travaux lors de la catastrophe de Giétroz en 1818 et son apport à la théorie glaciaire, mémoire de licence, Université de Lausanne, 1981, p. 14. 

57. AEV, 3 DTP 30.3.2/13. Lien vers l'inventaire. Voir le document

58. AEV, Vieux-Martigny, P 123. Lien vers l'inventaire. Chanoine Blanc, Observations sur les travaux que le Gouvernement du Valais fait exécuter au glacier du Giétroz, vallée de Bagnes, dans le dessein de prévenir une nouvelle débâcle, Lausanne, 1825 ; Ignace Venetz, Apologie des travaux du glacier du Giétroz contre les attaques réitérées de M. le chanoine Blanc, chapelain à Bagnes, Sion, 1825 ; Réflexions sur la réponse de M. l’Ingénieur Venetz à deux lettres concernant les travaux du glacier du Giétroz, vallée de Bagnes, en Valais, écrites par le chanoine Blanc à M. Gard, président du dixain d’Entremont, séant en Diète à Sion, en décembre 1824, Lausanne, 1825 ; Chanoine Blanc, Examen de l’apologie des travaux du glacier du Giétroz, 1825. Voir aussi Ignace Mariétan, « La vie et l’œuvre de l’ingénieur Ignace Venetz », p. 19-22. 

59. AEV, 3 DTP 32.1/51-102. Lien vers l'inventaire. Pour consulter la liste des documents numérisés dans le dossier 32.1, voir l'index des documents numérisés. Ignace Mariétan, « La vie et l’œuvre de l’ingénieur Ignace Venetz », p. 23.